09 Premiers travaux à la chaufferie.

Publié le par Robert L'Horreur


Mon bateau, il y a 40 ans.


Toujours fidèle à son horaire, modèle SNCF, me re-voici sur ce quai de gare, vers les 6 heures et quelques.
Tiens, au bout, tout la bas, la patrouille.
Ils doivent habiter dans la gare, sans doute, un peu comme les pigeons.
En fait, ils vont faire la chasse aux mal fagotés, aux oublieux du bachis, ou du col bleu vaguement passé à la va-vite, car les toilettes du train étaient occupées, pour se changer...
Sur la gauche, deux grands cafés ( pas par leur classe, mais pour leur surface ) me tendent les bras .

Avec mes nouveaux potes de filets et de banquettes pliés en deux, mais dépliés cette fois, c’est plus pratique pour marcher, nous nous zi rendons. Ben ya du peuple, de couleur dominante bleu et blanc, avec, ça et là des taches de rouge. Ca pionce copieux. Là deux nanas, armées de grands brocs, des brocs comme ceux utilisés pour transporter l’eau, autrefois, c’est à dire autrefois d’avant 1969, ce qui ne nous rajeuni pas….s’agitent et se trimbalent de table en table pour remplir les bols. Elles zen chient les filles. Elles encaissent, font le ménage, apportent les croissants…De toute façon, nous avons au moins un quart d’heure à tuer, le temps que les taxis commencent leur deuxième tournée de livraison de matafs à l’arsenal.

A quatre dans l’auto, les frais sont partagés, on roule. Le chauffeur nous dit :

- Sortez vos cartes d’identité…

Pour perdre moins de temps à l’entrée de l’arsenal.

Stop à la barrière, et effectivement, c’est efficace. Nous passons comme des flèches. Coup de bol, pas de fouille…Les flèches vont vite s’arreter, car on nous l’a changé de quai notre bateau…mais notre chauffeur, en fin limier, va nous le retrouver, radio guidage oblige.

Nous re-voilà devant le Surcouf. Re-coupée avec le sac, la valise, mais plus de tintouin, suite à une résolution sage issue de l’expérience, si j’ose dire, car expérience d’une semaine, ça fait court. Re-coursives et portes étanches…

On n’échappe pas, faudrait pas exagérer, à l’échappée en « s » dans laquelle le sac ne passe toujours qu’à la verticale.

Je me pose. Il est pas là le givré ? Ma banette, choisie vendredi est en bas, par la suite, je comprendrais que ce n’est pas la meilleure car elle sert de siège, comme celle du milieu ( il y en a 3 superposées ) qui sert d’étagère…

On change de déguisement.

Sur la plage arrière : l’appel, le clairon, les couleurs, on caille.

Bon on retourne se coucher ? Parce que moi, le train……

Non, non, poste de lavage. V’la ot’chose. Et moi, je fais quoi ? Coursive transversale, tranche machin.

Bon. On y va..

Nous sommes deux pour laver, un qui lave, l’autre qui rince… pas tout à fait, un qui lave et qui rince, et l’autre qui attend que ça sèche. C’est ça la répartition des tâches. Bon on ( je ) lave, car l’autre est un gradé, c’est un BE ( breveté élémentaire ), et moi un BP ( breveté provisoire ….. ) et je rince. On ( il ) attend que ça sèche pendant que on ( je ) range les outils.

Puis on ( il et je ) bullons, car il y a une heure à tirer. Au bout de cette coursive, un égaré intrépide se pointe et veut traverser notre zone amoureusement décrassée :

- On ne passe pas, poste de lavage, ce n’est pas sec.

L’autre :

- Oui, mais….

- On ne passe pas, poste de lavage !!!!!

Bon, il fait demi tour.

Au bout de 55 minutes d’attente que ça sèche sur l’heure impartie, direction le trou.

Je cherche un peu car le fléchage n’existe pas. J’ai bien trouvé la cafete, alors trouver la chaufferie devrait être un jeu d’enfant…..

J’arrive.

Là un gradé m’attend sans m’attendre.

Je me gardavoute devant lui, j’agrémente le tout d’un salut largement plus que réglementaire.

- Matelot Brisoux, à vos ordres, second maître !!!

J’avais pas l’air con.

Je le regarde droit dans les yeux, et là, je sens dans son regard qu’une question vient d’envahir tout son être, il hésite à se marrer, enfin on dirait. Mais ne le fait pas.

Qu’est ce que j’ai dit, ou fait de travers ???

C’est un second première pompe, chef du compartiment chaufferie avant qui vient de m’accueillir.

- Tu me dis « chef » , bonjour chef, merci chef,  et tout ira bien comme ça.

Un grand gaillard, d’1 mètre 85, super sympathique, il débarquera peu de temps après. J’ai complètement oublié son nom.

- Bon tu vas t’occuper des briques avec …..

Celui que son doigt désigne, là bas qui se gratte le ….enfin peu importe où cela le  gratte, c’est sans rapport avec l’histoire, mais à priori, ça grattait vraiment..

Nous allons donc faire de la maçonnerie, construire une cloison, ouvrir une fenêtre, va savoir….

Je suis à la réception, échappée babord,  d’un magnifique panier d’époque, époque indéterminée car une poignée part déjà en vrille, qui descend du pont principal, de tout la haut accroché à un bout.

Tout là haut, donc, deux autres gradés ( au moins des crabes ) chargent maladroitement le fameux panier d’époque et le descendent à l’aide du fameux bout. Une brique, sournoisement éprise de liberté se taille, et manque, d’un poil, de me fracasser le crâne….  8 à 10 mètres de hauteur quand même….

Qu’est-ce qu’on se marre !!!!  Ah les cons.  Tiens je ne vais pas rester trop près, ils ont une imagination taquine et débordante.

Puis ces briques vont s’engouffrer, par un passage secret, derrière les chaudières. Je ne les reverrais plus jamais.

 

Mon bateau, il y a 40 ans.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article