16 La baffe.

Publié le par Robert L'Horreur

 


Mon bateau, il y a 40 ans.


Nous allons nous croiser.
La tronche un peu à l'envers de la première bordée est significative.
De deux choses l'une, il ne sont pas contents de rentrer, ou bien leur joujou de noël n'était pas de la bonne couleur...
De toute façon, il faut mieux fermer sa gu..le, ça va passer.
Il va bien falloir préparer nos bagages, et penser au réveillon du jour de l'an, la bise sous le gui, sabrage de roteuses...
Faisons les choses dans l'ordre : direction la gare où l'Armor nous attend.
( Je précise que ce ne sera que bien plus tard que ce chef d'œuvre de la technologie sur roues, bijou de la ceuneuceufeu, sera rebaptisé Trans-Bigouden-Express par un joyeux luron qui ne devait pas être le dernier, voire céder sa part, quand l'idée d'une con...rie se dessinait...).

Bon.
Re-gare.
Re-métro.
Re-pisseuse pour toucher le pompon, hi hi hi hi !
Re-bus.
Re-ding-dong.
Re-qui c'est.
Re-c'est la Marine Française.
Dodo.
Le lendemain matin, au volant de ma superbe 403 Pijot, 8 CV, beige avec toit ouvrant, je m'élance, pas trop vite tout de même, car il neige, et la 403, traction arrière, plus de 1 tonne, ne tient pas vraiment le parquet sur la chaussée glissante...
Nationale 20, direction Leuville sur Orge.
Ce patelin doit vous évoquer autant de choses que Bécon les Bruyères ou Trifouillis les Oies.
Si je vous dit Montlhéry, son circuit automobile légendaire, vous voyez un peu mieux, bah c'est un peu plus loin dans la cuvette, Leuville sur Orge.
Un trou, pas un seul magasin de souvenirs, d'ailleurs quel souvenir peut on garder d'une seule rue et de trois chemins vicinaux... un car le matin, un car le soir, à l'heure qu'il veut, tu le loupes... imagines même pas.
- Bonjour Gisèle.
Gisèle, c'est une copine rencontrée à l'école, pas à la maternelle, à l'Enset.
Son accueil est un peu froid.
Comme un nuage, le doute m'habite.
Bon, Papa, Maman, le frère sont là, m'enfin ( merci Gaston ) deux mois ce n'est pas une éternité. Souviens toi de Pénélope...
Elle se dirigeait vers la métallurgie, la chimie, et moi tout d'un coup vers la sortie.
Elle était Bretonne... si,si, le rateau... à retardement, même l'uniforme l'a laissée insensible, même toucher le pompon ( de toutes façons, à cette époque on touchait à rien d'autre ).
J'ai repris mon bolide, il y avait de la buée, alors un coup d'essuie-glace, non ce n'était pas sur le pare-brise...
Elle a gardé mon p'tit cadeau : le foulard en soie du Surcouf, moi j'ai gardé sa baffe...
Ce sera bien triste, la bise sous le gui, le sabrage des roteuses.
On va rentrer à bord.


Mon bateau, il y a 40 ans.

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