02 Transformation d'un civil en mataf.

C’était il y a 40 ans

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Le patron OGOR va nous équiper des pieds à la tête.
On va commencer par la tête puisque le coiffeur ne va pas chômer. Par terre les longues mèches blondes de l'un d'entre nous...Il faut dire que les cheveux longs à cette époque n'étaient tout de même pas courants. Puis l'attribution du paquetage... Pas facile de passer le col bleu et ses lacets, pas facile non plus la cravate, puis la vareuse, puis le caban....nous sommes en hiver. Très vite la collaboration à deux va s'établir. Une phase de couture pour fermer la bande "MARINE NATIONALE". Le passage devant le couturier, juste histoire de dire qu'on ressemble à un vrai mataf. Il a eut aussi la séance d'écriture au pochoir, attention pas n'importe où !!! , marquage des godasses, de la brosse à habits, et du reste.
Les après midi étaient bien occupés. Nous allons faire des noeuds avec un bout (le premier qui dit corde prend 3 jours, si,si....) Le noeud de chaise, plat, de vache (le plus réussi), et autres qui ne me serviront jamais, mais bon, cela fait partie de l'éducation générale.
Nous allons godiller sur le lac, et aussi souquer sur les avirons dans une barcasse d'une douzaine de marins en herbe. De retour à terre, j'ai personnellement amarré la barcasse en faisant un tour mort et deux demi-clé autour d'un arbre...., j'avais interet à savoir.
La rencontre avec le psychologue......sublime. Certains arriveront à le convaincre qu'il ne sont pas faits pour passer 16 mois en communauté.(en 1969, la durée était de 16 mois... j'avais reçu une proposition pour suivre l'enseignement des EOR, nécessitant 6 mois de rabe de pré-formation, soit 6 + 16 = 22 mois -> non merci leur ai-je répondu).
La rencontre avec le médecin, et là aussi certains arriveront à le convaincre d'un tas de maladies, de malformations... sans compter ceux dont la situation de famille avait changé depuis peu, et sans compter les suicidés, veines ouvertes dans les ch....ttes. J'étais de ronde d'apprentissage cette nuit là, dortoir du premier étage, et je n'avais pas encore vu ça....
Une ronde, c'est curieux. Certains dorment, mais les yeux restent ouverts, d'autres se relèvent, se retrouvent assis dans le lit, puis se recouchent. Il y a les parleurs, les chanteurs, les ronfleurs, les roteurs, tout cela en dormant. Ce gigantesque dortoir accueillait plusieurs centaines de gus.
Je ne savais pas que le SURCOUF m'attendait.

C'était il y a 40 ans.